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Pollution Prestige

Contribution de FFSPollution du Prestige : C’est sale ! et ça pue ! « Exon Valdez, Amoco Cadix, Erika, Prestige… » la liste n’en finit pas de s’allonger. Après avoir touché durement les côtes de la Galice, le pétrole du Prestige a maintenant pénétré dans le Golfe de Gascogne pour venir souiller l’ensemble du littoral atlantique. Chronique d’une catastatrophe, hélas prévisible, dont les causes sont connues. Vétusté des bateaux, équipages recrutés au rabais et incompétents, irresponsabilité des décisionnaires et des armateurs…, on pourrait encore poursuivre cette triste litanie. Mais au-delà de tous ces griefs, il y a toujours un même responsable « l’argent roi ». « Make money » dit-on dans les milieux économiques. Pour aligner toujours plus de zéro sur des chiffres d’affaires, des gains en bourses, des comptes en banque aux montants indécents, une petite minorité est prête à tout, au détriment du plus grand nombre. La vanité des uns provoque le malheur des autres. Comme le disait un bénévole espagnol pataugeant dans trente centimètres de pétrole « il y a sûrement quelque part dans le monde, sur un plage ensoleillée, un armateur entouré de jolies filles qui profite de ces fêtes de fin d’année, pendant que je ramasse cette merde ! ». Dérive d’un Monde à la recherche de ses propres valeurs. Le pétrole est désormais sur nos plages et il faut agir. Des experts nous avaient pourtant rassurés début décembre. Le matériel de dépollution était stocké et prêt à être utilisé. Toutes les mesures avaient été prises pour limiter l’impact de cette catastrophe. Mais caprices de la nature oblige, des vents, des marées et des courants, les nappes se sont fragmentées pour venir s’échouer en ce début d’année 2003, là où on ne les attendait pas forcément. En cette période hivernale pourtant peu propice aux balades, on vit beaucoup de responsables politiques de tout bord fréquenter nos plages. Du responsable départemental à notre premier ministre allant jusqu’à bouter d’un coup de pied rageur les galettes de pétrole hors de nos côtes, on nous promit que toutes les mesures seraient rapidement prises. Principe de précautions oblige, la présence des bénévoles n’étaient pas souhaitée. Il fallait laisser cela à des professionnels et on interdit très vite l’accès aux plages. Mais de professionnels on n’en vit peu. Le matériel prévu s’avèra très rapidement inefficace où en quantité insuffisante. Pendant ce temps, les boulettes et galettes de pétrole n’ont cessé de dériver, de se dispercer, de s’enfoncer dans le sable au gré de l’erosion naturelle des plages. Loin de nous l’idée de vouloir nier la dangerosité du produit incriminé. Mais il n’y a aucune commune mesure entre les bénévoles espagnols qui ramassaient dans l’urgence sans aucune précaution des brassées de pétrole, et le rammassage de boulettes et de galettes par des gens protégés par un minimum d’équipements. Là où nous aurions pu être nombreux pour ramasser avant qu’il ne soit trop tard le plus gros de cette pollution, nous fûmes cantonnés au rôle de simple spectateur. Le mal est fait. Il faudra désormais des mois et beaucoup d’argent pour ramasser et tamiser d’énormes quantités de sable. Et il n’est même pas sûr que cela suffise pour venir à bout de cette pollution. Il y a une quinzaine d’année, il était quasiment impossible de marcher une cinquantaine de mètres sur la plage sans marcher sur des boulettes de pétrole. Nos combinaisons étaient tâchées, nos planches auréollées de sinistres trainées noires. Grâce au nettoyage des plages, aux efforts consentis par les collectivités, on s’était habitué à l’idée d’une époque révolue. Mais le pétrole fuit toujours des cuves du Prestige. Une grande quantité de ce pétrole est encore dispersée au large et viendra, fatalement un jour sur nos côtes. Amis surfeurs il est fort à parier que nous vivrons pendant encore de longs mois les mésaventures vécues par nos aînés. L’homme tire rarement les leçons des erreurs passées. L’histoire est un perpétuel recommencement. En attendant des jours meilleurs, nos pensées iront à toutes les personnes directement touchées par cette pollution, professionnels de la mer ou simple amoureux de la mer. Ils iront aussi tout particulièrement à la famille de cet employé municipal de Biscarosse, première victime d’une catastrophe hélas annoncée….

 
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